L’ère des «Tiny Teams» est lancée
L’intelligence artificielle transforme en profondeur la manière dont les startups se créent, avec l’émergence d’une nouvelle tendance, celle des «Tiny Teams», de toutes petites structures capables d’accomplir ce qui, autrefois, nécessitait des dizaines de personnes.
À l’apogée du blitzscaling — une stratégie popularisée par des géants comme Uber ou Airbnb, consistant à croître à toute vitesse, lever des fonds massifs, recruter sans compter et dominer le marché avant les concurrents — le succès se mesurait en effectifs et en valorisation. Aujourd’hui, un autre modèle s’impose, celui de l’efficacité avant la démesure.
Des entreprises comme Midjourney (300 millions de dollars de revenus pour seulement 142 employés) ou Anysphere (78 millions dès sa première année avec une équipe de 20 personnes) incarnent cette nouvelle approche: faire plus, avec moins, grâce à l’IA.
Grammarly, qui automatise la correction de texte à grande échelle, ou DataRobot, qui rend la data science accessible sans équipe spécialisée, démontrent à leur tour qu’une startup peut croître rapidement en s’appuyant sur l’IA plutôt que sur des effectifs massifs.
Moins d’employés, plus d'IA
Cette dynamique ne se limite plus aux startups. De plus en plus de grandes entreprises adoptent cette logique de réduction des effectifs au profit de l’IA. Chez Amazon, le PDG Andy Jassy prévoit une baisse continue du nombre d’employés, alors que l’entreprise déploie massivement des outils d’IA générative. Intel, sous la direction de Lip Bu-Tan, envisage jusqu’à 20 000 suppressions de postes.
McKinsey restructure en supprimant 10% de ses effectifs mondiaux, et Microsoft réduit ses équipes commerciales. Une tendance se dessine: automatiser pour rester compétitif, quitte à revoir profondément la place de l’humain dans l’organisation.
Le licorne à fondateur unique
L’idée qu’un seul individu puisse bâtir une entreprise milliardaire ne relève plus de la science-fiction. Dario Amodei, PDG d’Anthropic, parle d’une probabilité de 70 à 80% de voir apparaître une telle entreprise dès 2026, notamment dans des secteurs très automatisés comme le trading ou les outils pour développeurs, où l’IA permet de fonctionner avec un minimum d’intervention humaine.
Sam Altman, à la tête d’OpenAI, partage cette conviction. Il évoque souvent cette idée, confiant qu’au sein de ses cercles de dirigeants, un pari circule sur l’année où apparaîtra la première licorne à fondateur unique, un scénario désormais plausible grâce aux capacités de l’IA à coder, concevoir des campagnes, faire de la recherche utilisateur ou gérer un produit. «Nous verrons bientôt des entreprises de dix personnes, voire une seule, atteindre le milliard», affirme-t-il.
Même en dehors des géants de l’IA, cette vision gagne du terrain. Tim Cortinovis, auteur du livre «Single-Handed Unicorn», décrit comment un entrepreneur solo peut aujourd’hui s’appuyer sur des outils d’IA et des freelances pour bâtir et faire croître une entreprise sans personnel fixe. Un modèle qu’il présente non comme une exception, mais comme une nouvelle norme émergente.